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Gaza

Je me protège et je me retiens depuis six mois .

 

Depuis six mois pour ne pas ouvrir les post à contenus sensibles, et grimper aux rideaux, pour ne pas discuter de ce qui fâche, pour ne pas participer à un clivage manichéen, pour me maintenir dans une neutralité crasse et éviter les discussions binaires.

 

Parce que le 7 octobre dernier, le Hamas a attaqué Israël avec l’intention délibérée de déclencher une guerre. Sachant très bien quelle serait la nature de la riposte, vu le gouvernement d’extrême droite fasciste au pouvoir en Israël, et sachant aussi dans une passion morbide aussi la population gazaoui, bien préparée, martyrisable et victimisable à l’infini.

 

 

 

Dans ces conditions difficile de parler de quoi que ce soit, de garder une sage neutralité, pour ne pas déraper comme les camions de combattants arméniens sur les routes verglacée du haut Karabakh en pleine tempête de neige, sur les réseaux sociaux, dans les dîner ou conversation de bistros. Je me suis efforcée de rester bouche bée en me demandant bien comment faire pour témoigner de mon indignation en manifestant clairement ma pensée, hors de toute récupération politique allant de l’extrême droite sioniste à l’extrême gauche pro palestinienne.

 

Lorsqu’il y a peu, je reçu un message des guerrière de la paix, annonçant clairement leurs revendications.

 

Les guerrières de la paix ce sont ces femmes de toutes nationalité, sautant par dessus toutes les barrières qui se réunissent pour agir pour la paix, ce sont des femmes, jeunes avec des petits enfants mais pas que. Je les ai rencontrées il y a un an lors d’une manifestation à l’institut du Monde Arabe ou elles présentaient sur scène toutes leurs actions, tous leurs désirs, toutes les façons dont elles, elles essayaient d’éviter les conflits et de participer à l’émergence de la paix partout dans le monde.

 

Les guerrières de la paix, prétendent que lorsque des femmes sont à la table des négociations, la paix a plus de chances d’advenir. Alors elle écrivent, organisent des meetings, tournent des films, dénoncent les apartheids. L’avant veille de l’attaque du Hamas elles avaient organisé une marche rassemblant Palestiniens et Israéliens pour la paix. Une goutte d’eau d’amour dans un océan de haine me direz vous.

 

 

 

Pas tout à fait, en énonçant leur revendication concernant le conflit Israélo Palestinien, en se rendant visible par rapport à cette douloureuse engeance, et visibles de façon apolitique, parce qu’elles sont de tous bords, elles permettent  a tous, de se manifester sans la crainte d’être happé d’un côté ou de l’autre de la barrière, tant l’appel d’air est fort. Elles permettent  la neutralité, et c’est ce qui est le plus important. Il s’agit ici pour séparer les belligérants de les déshabiller de ces oripeaux qui alimentent leurs haines, et de faire jouer leur humanité et leur empathie hors de tous parti pris de toute légitime ou illégitime querelle pour faire cesser le combat.

 

Et que le droit international fasse son office.

 

 Parce qu’au fond ce que veut l’homme c’est vivre décemment, avoir de quoi manger, s’abriter, travailler, étudier, être soigné avant tout, dans la paix et la sécurité, n’importe quel homme ou femme. Quelque soit son territoire et quelque soit son appartenance.

 

N’importe quel Palestinien , n’importe quel Israélien. C’est la base. La même pour tous.

 

 

 

Comme le dit mon ami et poète Muheim Ramaha :

 

« La terre est un droit, le pain est un droit, vivre est un droit, la maison est un droit….la pénicilline pour le corps et pout l’âme est un droit.

 

N’as tu pas dit Abraham et Moise ?Jésus et Mahomet ?

 

Les prophètes de la vérité sont ils les détenteurs de la vérité ?

 

Ce seigneur est le même seigneur, la terre est la terre, au sanctuaire de Backka ou au mur des lamentations,

 

C’est que la terre et le seigneur ne font qu’un.

 

Dans les cours du chili, dans les ruelles minuscules de Jaffa, à New York, Pékin, Moscou. »

 

 

 

L’empathie, c’est un sentiment qui enfle, comme un soufflé au fromage dans le four.

 

Il s’opère en ce moment dans les consciences une mutation qui concerne non seulement le souci des humains, mais aussi celui des animaux et de la nature, surtout parmi les générations montantes. Le souci de l’autre, la capacité de se mettre à la place de celui qui souffre ou qui est dans la gêne ou le désespoir. C’est ce que j’ai vu dans tous les endroits hors normes ou je me suis trouvée, dans la jungle de Calais comme à Notre Dame des Landes ou Nuit debout, place de la République ou on essayait de réinventer le monde.

 

 

 

Alors en allant à Sciences Po l’autre jour il s’est produit comme un déclic en voyant tous ces panneau pro palestiniens, alors que vraiment je tiens le Hamas pour responsable au premier chef de ce qui s’est passé. Je me suis dit que ce n’était pas un hasard si ici, ou dans les universités américaines, on pouvait exprimer sa solidarité, son désaccord par rapport a la réplique Israélienne disproportionnée, et que les instances Palestiniennes avaient créé un canal pour que puisse s’exprimer cette opposition à la guerre, aux massacres de civils, aux destructions.

 

Parce que cette génération d’ individus a plus besoin que la précédente d’exprimer cette empathie et que ma foi il était certain que les partis politiques, les tendances récupèrent tous ces sentiments positifs pour leur cause à eux, ce qui est très habile mais pas tout a fait juste.

 

Et je me suis dit aussi qu’il était bien possible que d’autres maintenant excédés par l’horreur de cette guerre, se rendent compte que nous sommes au delà des partis, au delà des guerres politiques,  et que simplement il n’y a qu’une seule chose à faire, baisser les armes partisanes parce que la guerre est la pire des choses, et ne résout jamais rien.

 

 

 

Au lieu de fustiger ces gens de sciences Po ou de Columbia parce qu’ils ne protestent que pour Gaza et ses morts, il faut les respecter leur parole, car ce monde c’est eux qui vont avoir à y y faire face, ils sont tout à fait légitimes pour faire savoir qu’ils ne veulent pas que sur leurs terres à eux, dans leur monde à eux, il se passe encore et encore des guerres si sophistiquées sur le plan technique et plus qu’archaïques sur le plan humain.

 

L’intervention bienvenue des guerrières de la Paix permet à tous sans distinction de parti politique ni de nationalité ni même de sexe de dire son horreur de la guerre, sa désapprobation  sans prendre parti pour ou contre quoi que ce soit.

 

Et c’est cette prise de conscience là qui fera cesser les troubles dans les universités.

 

 

 

Maintenant je repense à ce petit homme, musulman, de la coopérative d’artisanat d’Azerou, petit village marocain très pauvre à la lisière de la frontière algérienne, qui avait vu les juifs quitter le village en 1967, le vidant de beaucoup des ses forces vives, et qui avait le visage qui s’éclairait rien qu’à l’idée qu’il puissent y revenir et ramener négoce et prospérité.

 

 https://youtube.com/shorts/iRe-78wvd7E?feature=shared