Le rien

J’étais tendre et douce, je riais à la vie.

 

Tout mon visage était ouvert,

 

du front à la bouche, des dents aux sourcils,

 

Au milieu de mon visage, lespace créé, renvoyait la lumière de mon cœur, à lextérieur.

 

Après que le 33 tonnes de la vie me soit passé dessus, il ne restait pas grand chose de construit. Ma tête était comme un tableau de Picasso..

 

Un vent glacial et sifflant très fort  ’était infiltré entre mes yeux et mes dents et avait tout chamboulé à  l’intérieur me séparant en deux parties bien égales puis, les écrasant l’une sur l’autre.

 

La faille de mon visage  s’était refermée avec un petit bruit de coquille d’œuf qui se brise et la lumière de mon cœur était tombée en panne, je l’entendais grésiller et l’ampoule se balancer, ça aurait pu être pire, je savais qu’elle était toujours là., même en mauvais état.

 

Je n’avais peur de rien, je n’ai toujours peur de rien ça, ça n’a pas changé.

 

 

 

Je n’étais que plaisir, désirs, aspirations, maintenant je ne désire plus, non,

 

je ne désire plus, ça ne marche pas, c’est toujours autre chose qui vient.

 

Je n’attends plus , non plus ça ne sert à rien.

 

Plus tu attends plus rien ne vient.

 

Ce rien me met seule au milieu du désert avec trois fennecs et un serpent.

 

Je ne savais que recevoir et pas trop donner, j’ai appris le rien.

 

Ca donne de la force . 

 

Maintenant Je suis là avec le rien et ma force.

 

J’étais une femme et quelque chose me dit avec insistance que je ferais bien d’être un homme . Mais je ne le sens pas du tout, ça non.

 

J’aime mes seins même si ils semblent parfois fatigués, et changent souvent de forme, j’aime la sensation de vide entre mes jambes, je n’aurais que faire d’un sexe d’homme à cet endroit la, dans le dos peut être...entre les omoplates.

 

J’étais une femme je suis toujours une femme et pour longtemps.

 

J’aimais un homme, je ne l’aime plus, mais sait on vraiment qui on aime?

 

Alors je ne sais pas.

 

J’étais solide , je suis maintenant extrêmement résistante, comme un gros caillou de torrent qu’on essaierait de déplacer à mains nues.

 

J’aimais la pluie , j’aime la pluie,

 

J’aimais les forêts et les jardins,

 

Je préfère les forêts.

 

J’aimais le bruit, la fureur me nourrit comme un gros vers plein d’étincelles.

 

j’aimais la nuit, j’aimais la nuit j’aime la nuit.  C’est comme ça.

 

 

 

Claire Denieul  mars 2023 ecrit dans le cadre d'atelier d'écriture avec Laura Vasquez.