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Ors et poesie, Chaillot Transatlantique

Ors et poésie », « Chaillot Transatlantique », 


de la démocratisation du patrimoine culturel.



 Je crois que la rue de Valois, qui abrite le ministere de la culture, porte sur ses murs autant de dorures que le palais de Chaillots et ses statues de nymphes rutilantes.

 Ce sont peut être la beauté de ces lieux qui donnèrent l’idée à ceux qui en ont la responsabilité, d’y organiser des événements hors normes et d’en démocratiser les accès.

  L’autre jour je vis passer sur mon écran une proposition de soiree poétique organisée au ministère de la culture par notre ministre Rima Abdul Malak, en personne, le Rima poésie club . Je me presentais à l’entrée et n’étant pas sur la liste, je du faire toutes sortes d’acrobaties: les pieds au mur, le grand écart, réciter mon pedigree, chanter la traviata pour qu’enfin on m’ouvre la porte. Et là, j’eu la surprise de voir dans l’écrin superbe du grand salon, sans plus de cérémonie, un piano , un micro, une estrade, et des chaises, pas vraiment d’éclairage et sur les chaises un public jeune et enthousiaste savourer une poésie contemporaine, vive, joyeuse, simple et belle , toujours émouvante, accompagnée de beaux morceaux de piano et de violoncelle. Voilà c’était la première édition du Rima poésie club .

  Au bout d’une heure un bonne partie du public s’éparpilla, étroitement raccompagnes jusqu’à la porte et un autre petit tiers fut invité à se restaurer et livrer ses impressions.

  Les enfants du peuple qu’on trouve sur instagram se sont mirés dans les ors de la république aux accents festifs de poètes, devenus d’un seul coup des vedettes reconnus par ceux qui font pour eux la pluie et le beau temps .

       Belle fête.

◦ Avec les bienheureux: Nimrod,Caroline Bentz, Cecile Coulom, Rim Battal, Lola Malique, Capitaine Alexandre, et l’exception qui confirma la règle: Éric Ruff.

 Le Rima poesie club au ministère se renouvellera tous les trois mois.

 Dans un autre type de concept, vendredi et samedi dernier à Chaillot, pour la somme modique de 9 euros par jour vous étiez invités à assister à deux jours de fêtes, projection, performances, et concerts réalisé avec la villa Albertine de New york qui accueille depuis trois ans un nombre conséquent d’artistes, et de chercheurs allant œuvrer dans toutes les grandes villes des États unis, sans obligation de résultat. 

 C’était « Transatlantique » réalisé dans le cadre de la 3eme « Chaillot experience « 

 Visiblement les artistes de la villa Albertine ont ramené quelques trésors qu’ils ont éparpillés dans tout cet immense et magnifique édifice qu’est le palais de Chaillot. 

  En reprenant le concept que Jean Vilar crée juste après la deuxième guerre mondiale pour une population exsangue en terme de spectacle et assoiffée de culture, Rachid Ouaramdane, directeur du palais de Chaillot propose à ceux qui sont assez curieux et festifs pour y prendre part, une belle occasion de de se rassasier au propre et au figuré , on sait bien que la culture est une nourriture. Ce mois ci au menu, une culture américaine authentique. baroque et chatoyante passée au filtre des chercheurs et artistes français.

  Samedi, on pouvait y voir entres autres car l’offre était généreuse et multiple, le beau film sur la ville de Houston d’Emmanuelle Huynh et Jocelyn Cottencin réalisé presque dans un seul plan, coulant comme une fleuve, souligné d’une danse in situ avant et pendant la projection exécutée par quelques élèves des beaux arts de Paris. Et se succédant dans la grande salle, après une danse échevelée et emplumée suivie d’un atelier par Chief scout de Smail Kanoute, deux beaux duos: une chorégraphie sportive ou la danse se refile comme la grippe et passe d’un partenaire à l’autre, à voir prochainement dans son intégralité à la piscine de sainte Geneviève des bois ( Liz Santoro et Pierre Godard).

  Et un dialogue entre deux patineurs à roulettes , une chanteuse , et un auteur rentré d’avoir étudié les communautés de skaters à Chicago et livrant ici des textes sur la mort d’une émouvante beauté, tout en glissant entre la foule éparpillée et emmitouflée sirotant du jus de gingembre. Paul Maheke donna à voir et entendre dans une continuité lascive, les circonvolutions de la pensée comme celle du corps et de la voix. 

 Vers 21h comme il faisait un peu frisquette, économies d’énergie oblige, la salle fut enfin invitée à danser sur la musique explosive de Brittany Davis, venus tous droit de Seattle via les trans musicales de Rennes, un groupe au look haut en couleur maquillage , tatouages, strass et lunettes noires, oeuvrant entre deux statues superbes,dégoulinantes de dorures de Bouchard.

 Pour la direction et l’équipe du Palais de Chaillot dont la mission est de promouvoir la danse et de faire danser , c’était réussi. Pour la villa Albertine dont les pensionnaires prouvent qu’ils produisent avec talent, nous amenant un parfum outre Atlantique ce fut un succès aussi.

  Il n est pas simple de faire venir un public populaire dans les beaux édifices de la république, et comme à Chaillot de le garder si longtemps entre ses murs.

 Cela a nécessité de la part des équipes du ministère de la Culture comme de celles de Chaillot un nombre conséquent d’intervenants comme de vigiles.

 Mais leur mission de service public de la culture a été pleinement réalisée. En rendant au peuple ce qui lui appartient, en le faisant pénétrer au sein des seins, d’un côté et en proposant une culture à la fois exigeante et populaire, de l’autre, Rima Abdul Malak et Rachid Ouaramdane, surfant peut être sur la vagues des occupations des théâtres et opéras par les intermittents du spectacle et la cgt, qui contrairement aux predictions apocalyptiques de Roselyne Bachelot, n’ont laissés aucuns dégâts, ces deux là donc, ont montré sans ambiguïté que architecture et culture, poésie musique et danse, sont notre bien commun, ils nous appartiennent et qu’ils peuvent se décliner sans artifices et sans casse, simplement et avec succès dans les plus beaux lieux de notre pays pour le plaisir du plus grand nombre, faisant par la même, de l’excellence, une vraie culture populaire. .

 Beau boulot.

 Claire Denieul le10 /12/2023