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Clivage

Clivage

 

 

 

 Je n’aime pas beaucoup les manifestations contre.

 

Je préfère celles qui sont pour, mais cette fois ci, après la manif  contre l’anti sémitisme d’il y a 15 jours, à Quimper et sa centaine de sexagénaires tristes et indignés  je me suis dit qu’il était bien d’aller voir qui se rendrait à celle contre les violences faites aux femmes.

 

Quimper est un bon baromètre  en ce qui concerne l’expression de la vox populi en France. Comme un échantillon de ce qui se passe au niveau national.

 

Alors qui donc était à cette manifestation contre les violences faites aux femmes ?

 

Hé bien tous ceux qui n’étaient pas la à celle contre l’antisémitisme : Les jeunes.

 

Donc  en route pour la manif dans la voiture d’une amie de ma fille dont j’apprécie les qualités de finesse d’analyse et de gentillesse, je me suis rendue compte stupéfaite que les mouvances des universités américaines qui assimilent la lutte palestinienne à celle des chefs sioux étaient parvenues jusqu’à nous, au fin fond de la Bretagne et y avaient tapé l’incruste et qu’on m’amenait en plein pays woke, ou la condamnation d’islamophobie pour peu que tu n’adhères pas totalement  au discours ambiant, pouvait te coller à la peau en un clin d’œil.

 

  Avant la fin du voyage le clivage était la, entre nous deux, ricanant et installé confortablement pour l’après midi. Je me retrouvais donc à fabriquer des pancartes, à l’attention du Patriacaca, afin que le Patriarcrame, en compagnie de femmes fortes de femmes fières, de femmes féministes et en colère, 

 

 A répéter des chansons ou la femme en a fini d’être esclave et se met debout debout debout, debout….

 

Donc nous partîmes pour notre petit tour de ville : rendez vous « place de la déesse ».

 

La manifestation bien préparée succédait à plusieurs jours d’atelier pour sensibiliser les femmes et les jeunes à la cause, beaucoup de trente et quarantenaires, beaucoup d’enfants et quelques ados, dont je me suis rendue compte qu’ils avaient dès leur jeune âge beaucoup de choses difficiles et dures à dire.

 

Là un couple brandissait une pancarte en soutien à la cause des femmes Palestiniennes, sans égards pour toutes les autres. D’autres faisaient référence au sénateur qui drogua sa consoeur à l’extasy «  C’est le chat c’est pas moi ».

 

L’atmosphère était sympathique et bon enfant, rythmée par une fanfare et une batucada. Arrivées devant la fameuse place st Corentin entre l’église la mairie et le café, nous octroyâmes une minute de silence aux plus de 118 femmes assassinées en 2023 par leurs maris jaloux et les quelques 250 enfants victimes collatérales de leurs violentes disputes.

 

Au terme de notre promenade les organisatrices convièrent toutes les femmes battues, en détresse, les personnes en quête de genre, les bi les trans, les queer, les lesbiennes et gay qui subissent au quotidien avanies et vexations à les rejoindre.

 

 A vrai dire même si je suis totalement solidaire de cette cause je me suis sentie en léger décalage  avec l’ambiance générale de la manifestation.

 

 Etais je vraiment concernée au plus profond ? Ces assertions correspondaient elle à ma réalité propre?

 

Personne ne m’avais jamais violée, personne ne m’avais jamais battue, les individus avec lesquels j’avais partagé des relations intimes, avaient été plutôt délicats attentionnés, j’avais bien rencontre quelques goujats qui étaient vite passés, on m’avait juste avec mon consentement fait des enfants et ensuite il avait bien fallu que je m’en occupe, je dois dire avec plaisir, mais cela avait contribué à me mettre au fourneaux et me coincer à la maison, à l’écart de la société. Oui en fait, en cherchant un peu j’était bien moi aussi une victime du partriarcaca.

 

Bon d’accord.

 

 Mais dans cet appel, cette énonciation de nom d’oiseaux binaire, cisgenre, trans, queer dont il faut que tu apprennes la traduction parce que sémantiquement rien ne te permet de retrouver à quoi ils correspondent, et dans cette dénonciation des oppresseurs,  poussant les êtres à déceler dans leurs vies des positions victimaires, même si ils, iels et elles ne les ont pas directement vécues, j’ai été très surprise que personne absolument personne  au micro ou avec des pancartes ne fasse mention de la lutte des Iraniennes, femmes, vie liberté, et aussi des Afghanes, qui elles sont quotidiennement violentées si ce n’est violées, tués, niées, sans scolarité et sans soins, et  ne fassent mention des femmes dont le corps dans les conflits devient une arme de guerre, violée éventré, trainé dans la poussière accroché aux pare chocs, comme en Israël le 7 octobre dernier, comme à Boutcha en Ukraine et ailleurs.

 

Pourtant de nos jours la sensibilisation à ce que devient le corps de la femme pendant la guerre est un vrai sujet qui nous concerne nous les femmes européennes comme les palestiniennes les Israéliennes et les syriennes et toutes les africaines, certainement les sud américaines aussi , le monde entier quoi.

 

Il y avait la comme une légère schizophrénie à dénoncer un machisme violent s’arrêtant  net à la frontière alsacienne.

 

 Même si les femmes sont capables d’être soldats, flics; crs ou garde du corps, quand il s’agit de violer et massacrer qui envoie t’on plutôt sur les champs de bataille ?.

 

Qui exerce sa violence encore et toujours? Principalement des hommes.

 

Y avait il des femmes pour massacrer dans les rangs du Hamas le 7 octobre ?

 

Y avait il des femmes dans les rangs des soldats russes et américains dont les femmes allemandes sur les routes se cachaient en 1945 ?.

 

Qui sont les Talibans? Des femmes ?

 

Il faudrait bien se soucier sérieusement de la question.

 

La femme est la moitié de l’humanité, elle a donc un poids dans la société qu’elle se doit d’exercer, et même en certains cas elle peut le faire de façon universelle.

 

Les Islandaises ne se gênent pas pour mettre leur pays à l’arrêt lorsqu’elles estiment que leurs droits sont menaces.

 

 

Tous ces jeunes dans les campus et ailleurs adoptent la cause Palestinienne, peut être parce que depuis le berceau, ils entendent à la télé ou à la radio régulièrement depuis des lustres, que des israéliens ont tué un ou deux adolescents palestiniens.

 

Mais ont ils bien compris quel modèle de société véhicule le Hamas , versus les frères musulmans, versus les mollahs iraniens ?

 

Peut être les plus anciens d’entre nous, biberonnés à la shoah, à la télé et à l’école, depuis les années soixante, sont obligatoirement choqués par cette résurgence d’un passé antisémite pas si ancien.

 

Et c’est peut être la répétition de l’info sur le temps long qui créé le clivage, parce qu’il y en a un de taille…

 

Retour à Concarneau, avec la voiture de l’amie de ma fille, malgré nos efforts pour ne pas parler des sujets qui fâchent, ceux ci ont ressurgit sous formes de gnomes ricanant, nous enveloppant d’une brume rouge poisseuse épaisse entre critique du wokisme, et suspicion d’islamophobie.

 

A part moi je suis excédée qu’on puisse si vite me ranger dans une petite boite dans la quelle je ne me reconnais pas, mais ce que la sagesse me souffle à l’oreille, c’est qu’il faut accueillir les interrogations des générations futures, en discernant les modes, des vrais courants de pensée, même si nous n’en tirons pas les mêmes conclusions et que nous n’avons pas les mêmes certitudes.

 

L’avenir nous dira le reste.