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La terre et le livre.

la terre et le livre

 

 

 

 

« Vous êtes la terre, nous sommes le livre. »

 

C’est ainsi que se définissait mon ami Amzalag, lorsque je lui demandais, qu’elle était la différence entre lui, juif et moi, baptisée catholique.

 

Il avait du se faire violence pour trouver quelque chose, car à vrai dire je ne voyais pas grande différence entre lui et moi, à par le sexe.

 

Ma belle soeur, juive de Los Angeles, détestait qu’on emploie le terme judéo chrétien que pourtant moi je trouvais assez élégant, et définissant assez bien la communauté dans laquelle j’évoluais, pour elle on était juif ou chrétien mais pas un mélange des deux.

 

Petits, mon frère et moi, nous soupçonnions que ma mère dont on ne connaissait pas exactement les origines et qui avait un grand nez, était possiblement juive.

 

Beaucoup de mes amis étaient juifs et au moins jusque dans les années 90, je ne le savais pas , parce qu’il aurait vraiment fallu que je leur demande expressément pour le savoir.

 

Je ne me doutais d’ailleurs absolument de rien.

 

En vérité j’étais un peu vexée que Amzallag me dise avec tant d’aplomb qu’il était le livre, pourquoi moi, pur produit de l’occident, issue d’une mère protestante, auteure, et d’un père catholique, auteur aussi , avec mes tantes qui tenaient la meilleure librairie de Rennes, ne pouvais je pas être aussi bien le livre que lui, Amzallag. ?

 

Je cherche toujours ce qui au fond me différencie vraiment des juifs, eux peut être le savent mais pas moi.

 

 

 

Ce qui est certain c’est que si les juifs sont le livre, le fait qu’ils veuillent être la terre aussi, avec Israel, fout un sacré bordel depuis au moins 85 ans.

 

Et d’abord qu’est ce que être la terre ?

 

Je suis née en Bretagne, j’ai habité à Paris plusieurs décennies, mais j’ai adoré vivre en Inde, ou quelque chose m’accueillait, me stimulait, décuplait mes possibilités de faire.

 

Ou se trouve ma terre ?   C’est la France ? Vraiment, pourtant j’ai été conçue à Venise, alors la terre de Venise me conviendrait tout autant je le jure.

 

New York, Calcutta, Londres, Prague, Berlin me plairaient bien aussi pour être ma terre.

 

La France oui, mais serais je prête à vivre sous les bombes, dans la pauvreté, et le danger pour moi et mes enfants, en prison dans un périmètre aussi grand que les Alpes maritimes, même si il fait toujours beau, pour défendre mon droit du sol, je ne crois pas.

 

Tous les apatrides de la terre, quittent leurs sol natal sans l’ombre d’une hésitation lorsque sur cette terre qui est la leur il n’est plus possible de vivre, d’élever ses enfants, d’être en sécurité, même si ils la regrettent et ils la pleurent tous les jours, ils se recréent une communauté là ou ils peuvent et passent à autre chose.

 

Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est ainsi que les apatrides se reconstruisent .

 

Qu’est ce qui fait cet attachement vicéral à la terre qu’ont les Palestiniens ? Et puis maintenant les Israeliens qui veulent être le livre et la terre. Vraiment….. ?

 

Pourquoi n’arrivent t’il jamais à un accord ?

 

Le droit international leur tend la main pourtant.

 

On nous dit, c’est très complexe, certes, mais une chose est certaine, quelque soit le passé plein de sédiments de la Palestine, il semblerait que la terre là, serve de prétexte.

 

Pouvons nous nous permettre sérieusement de réfléchir au fait que les murs et les barrières et les frontières hermétiques, ne sont pas des solutions durables ?

 

On ne peut enfermer des millions de Gazaoui, indéfiniment dans un périmètre restreint comme on l’a fait à Berlin, avec les allemands de l’est et à Varsovie avec le guettho .

 

Eriger un mur entre le Mexique et les Etats unis, enclore l’Europe de barbelés, entasser les gens dans des camps aux frontières des pays limitrophes de l’Europe, en grece, en Syrie, au Yemen, au Liban la liste est longue...

 

Les refugies font peur lorsqu’ils arrivent en nombre, pendant le conflit entre le Hamas et Israel, très recement l’Egypte a attendu qu’il y ait 8000 morts dont 3500 enfants, avant d’ouvrir parcimonieusement ses frontières aux gazaouis.

 

C’est dire que la peur est intense.