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La 46 eme Hestejada des arts

 

J’avais bien besoin de poser mes valises dans un sud ouest inventif, chaleureux, et léger.

Alors, je suis venue en voiture de course à la la 46 eme Hestejada  des arts au cœur du vignoble bordelais, une méli-mélo mélodie de jazz, poésie, philosophie, chant, ciné, humour et engagement politique puisque la CGT ses stands et ses débats y sont partie prenante, et que journal l’Humanite soutient l’affaire.

Quarante six ans que ça existe, que ça n’a pas pris une ride, que les jeunes pousses relaient les vieux en partance pour que l’histoire se reproduise et s’améliore comme le bon vin.

Bernard Lubat et ses potes du bouillonnant village d’Uzeste, ou l’on a le verbe rond, rieur, et facile.

Au bar des sports, trois papy rigolards vannent au moins cinq minutes sur les rousses après mon passage, joli accueil.

Ici c’est dirait on le QG des festivaliers avec à côté, la librairie et la salle des fêtes, qui sert de cantine aux bénévoles et aux artistes.

Tout s’articule dans un rayon de 500m autour de la collégiale avec un petit ruisseau qui traverse un joli petit parc où les petits enfants se baignent culs nus.

La boulangerie participative ou certains petit déjeunent donne une idée du type de société qui tente ici de se mettre en place, avec ses 3 actionnaires, et trente bénévoles sur 90 inscrits ou l’on déguste un flan aux courgettes, à 3 euros et des sirops à prix libre.

Et puis au fond un peu plus loin le stade avec cet énorme chapiteau étoilé, le chapiteau Marie Lubat et près des douches les cinq tentes de la CGT, aux toits pointus meublées de lits en fer avec leurs matelas qui servent aussi pour les occupations diverses, théâtres , opéras, et autres lieux stratégiques.

Au fond du stade, les douches, un genre de  cuisine comme dans cuisine et dépendance, ou tout se raconte de ce qu’on ne dit pas dehors, comme une vérité aussi nue que des femmes inconnues qui prennent leur douche au même moment.

Au passage j’aide à la cuisine pour faire partie de l’histoire et comme une récompense le coiffeur du festival qui pourchasse les crinières pour leurs faire d’énormes chignons à fleurs m’attrape dès qu’il me voit pour me crêper les cheveux et les monter en chantilly avec une sorte de muguet qui pousse par ici, quand ce n’est pas du pissenlit.

 L’Hestedaja  ce n’est pas un festival mais une fête continue ou pendant dix jours on s’autorise, à regarder les choses d’un autre œil par le bout d’une autre lorgnette, à laisser parler librement le coeur et la tête ou le ventre, à aimer ce qu’on ne comprends pas, à découvrir des champs inconnus, d’immenses vallées fleuries de poésie, florilège de mots de sons, d’histoires, de couleurs , de mémoires.

L’art militant se vit au coin des librairies, dans la collégiale , au fameux café des sports plein à craquer pour écouter Lubat et les jeunes pousses au saxo pour l’apéro rituel.

Ici on voit passer les  cantatrices avec des oiseaux bizarres qui volètent autour de leurs têtes, on percoit des accord de guitare saxo et trompette au détour d’un petit champs, d’une barrière, d’une maison. La musique est partout pour qui sait laisser traîner ses oreilles.

Les choses se font dans une simplicité exemplaire, à des tarifs concurrentiels, sans chichis. 

Un succès se forge après une representation  réussie et pas au nombres d’affiches collées sur les murs, d’ailleurs il n’y a pas d’affiches, aucunes, juste un programme.

L’ art résiste en proposant des musiques inécoutables à des gens qui les écoutent, eux qui friands de sons les avalent comme des friandises exotiques. L’art résiste en permettant et encourageant les essais, les dérives, les créations , les ratages , les fuites, les échappées , les dialogues, les errances. .

L’art résiste en te donnant la possibilité de tout essayer, de tout oser.

L’art résiste en te proposant la folie, l’audace, le courage et le lâcher prise comme passeport possible pour la liberté ..

A Uzeste, Gironde, jusqu’au 19 Août.

 

Claire Denieul le 17 aout 2023

 

 

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