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Sous les trois soleils de satan.

Sous les trois soleils de Satan.

(A propos du théâtre les trois Soleils à Avignon et bien d'autres lieux indécents)

Pourquoi ne respecte t’on plus les travailleurs du spectacle?
Au nom de quel Dieu acceptent ils de travailler dans des conditions pareilles?
Pourquoi le désir de jeu fait il faire autant sacrifices, ((ne pas boire en pleine canicule pour une dame agée pour s'interdire de faire pipi, etc)?
Pourquoi se permet t'on de spéculer à ce point sur le dos des artistes et des techniciens?
Tant d'argent, de sueur, de douleur, sans compter les dépressions, les burn out, les divorces et les suicides.
le jeu en vaut il la chandelle?
Pourquoi souffrir autant?
Pfff...
Est ce que la jouissance, le plaisir du travail bien fait, de la représentation réussie, de la fête qui s'en suit, de la certitude d'avoir trouvé sa place et sa tâche dans l'existence en se battant pour réaliser ses rêves, parce que chaque création est un rêve réalisé, vaut tant de souffrance?
Certains bien entendu répondront oui. Les fous....

Toutes ces question récurrentes dans le monde l'art remontent au fur et à mesure à la surface.
Comment se permet t'on d'entasser encore le spectateurs dans des salles peu ou mal climatisées sans toilettes en faisant payer aux compagnies les bras et les yeux de la tête.
Parce qu'il y aura toujours des productions prêtes à saisir n'importe quel creneaux et des comédiens prêts à les suivre.
Il ne faut pas s'étonner que l'on ne respecte pas leurs droits les plus élémentaires.
A Avignon, le comédien du off peut se transformer en chair à canon, tractant sous un soleil de plomb, mal logé, montant et démontant son spectacle dans des crenaux horaires millimétrés.
Et pourtant malgré tout, c'est quand même la fête.
Certains même arrivent à être heureux.
Je les trouve exceptionnels les artistes de supporter tout ça , pour avoir le droit d'être la et de compter. Mais il faudrait quand même qu'ils se fassent un peu plus respecter, qu'ils soient plus économes de leurs services, qu'ils redeviennent des perles rares, difficiles à trouver. Ainsi ils ne seraient pas traités de la sorte.

Comment un metteur en scene peux t' il au nom de l'art se rendre fou et dealer avec sa folie, martyriser comédiens et équipe technique, et nous, trouver son travail explosant de vérité et de beauté?

Je n'ai jamais vu de spectacle de Kristian Lupa, c'est dommage de ne pas pouvoir se prononcer dessus, mais je sais qu'un bon travail doit se dérouler dans une forme de sérénité,
Il y a la une tension malsaine, qui est un préjudice, à la création artistique, une notion vieillotte qui montre l'artiste tréssautant de douleur à chaque pas.

Dans les années 80 une de mes compagnes d'école partie travailler avec des émules de Grotowsky, avait disparu en plein milieu d'année, je la retrouvais interprétant du passage de la conférence des oiseaux dans un extrait assez physique, jouant avec le pied cassé. Lorsque j'y repense , je ne vois plus que ce bandage et cette attelle et la crainte qu'elle se fasse mal à nouveau.


Un travail réussi est emprunt le plus souvent de simplicité, de beauté et de vérité. Lumineux toujours.

J'ai preferé mille fois l'ambiance des scéances de travail aux Bouffes du Nord quand j'ai pu y assister que certains stages à la cartoucherie ou la pression envoyait parfois les gens à l'hopital psy.

Il ya plusieurs écoles et je suis convaincue que le génie ne passe pas par des accouchements sanglants au forceps, mais par une preparation bien en amont qui mène doucement mais surement le spectacle à son terme le jour de la première sans douleurs aigues et excessive, mais avec beaucoup de transpiration, ca oui..

Je dirais qu'un spectacle ca se tricote maille par maille.

  La création est une nourriture aussi indispensable à l'être que le pain et le vin, et le fait que le travail de chacun puisse exister et être vu, reconnu, contemplé et gouté est intrinsèque à l'acte de création lui même et lui donne ses lettres de noblesse .

 

La création n'a de valeur que si elle doit être un jour exhibée, même dans trés lontemps. C'est notre regard qui lui donne cette valeur. Ce qui se passe entre elle et nous au moment T.

Je me rappelle avoir été scandalisée apres avoir assité à un séminaire aux Beaux arts de Paris ou l'on incitait les élèves à trouver une motivation pour créer en vase clos dans leurs atelier sans autre objectif que de faire une pièce et la garder pour eux. Enseigner l'art de cette manière à des jeunes gens qui veulent en faire leur métier procède soit d'un profond désespoir soit du cynisme le plus complet.

 

Créer ne devrait pas être un privilège, ainsi on éviterait tous les droits de cuissages qui menacent les jeunes femmes comme les jeunes hommes, en prenant du recul avec l'acte de création on éviterait le vedettariat,  qui se fait au dépends de celui dont personne ne sait qu'il existe, on éviterait les foires d'empoignes, les mauvais coups des loueurs de garages, on aurait plus de respect pour la propriété intellectuelle.

 

Prendre du recul par rapport à la création ca veut dire que si un spectacle est moins bon, il n'y a pas mort d'homme pour autant, on l'oublie, on passe à autre chose et on recommence le prochain sera mieux.

Prendre du recul, c'est se dire que l'important est d'affirmer son propos et son style parce qu'il amène une pierre de plus à la compréhension de notre monde, qu'il amène une poésie qui dévoile ce qui est dans l'ombre et nous aide à vivre. .

Nous devrions aller vers une désacralisation de la scène, vers une légèreté necessaire qui ne veux pas dire absence de profondeur, absence de spiritualité.

 

Et tout le monde a le droit se livrer à ce travail de création à partir du moment ou il en ressent le besoin , la necessité est le premier moteur de la création et la légitimise.

Il faut savoir créer avec des moyens simples, mais avec des moyens quand même, tout le monde est une voix, a une voix à faire entendre dans la pluralité des existences.

Le resultat finalement n'a pas tant d'importance que ca , si c'est bien tant mieux.

 

Non,la possibilité de créer ne devrait pas être un privilège et pourtant il en est encore et toujours un.
Et c'est précisément ça qu'il faut changer.