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Les pecheurs

En Bretagne le rond point, construit avec l’argent des automobilistes en infraction, prends en ce moment diverses allures, il peut être, arboré, cultivé comme les potagers, couvert de cabanes de palettes, ou scalpé, puis brulé.

 

C’est cet aspect  qui a été choisi par des pêcheurs en colère pour le rond point du Lin,  situé à l’entrée du port de pêche de Concarneau.

 

Les pêcheurs sont en colère et on les comprends, eux, la pêche artisanale, ils  représentent 75 à 80 pour cent des bateaux de pêche, et ce qui arrive là c’est un peu de la faute à la Coop 15 de Montréal, qui a initié les travaux sur la protection des Océans et de la bio diversité avec un calendrier très chargé, trop chargé, juste après les contraintes liées au COVID .

 

Hélas, il faut bien le dire, il y a beaucoup moins de poissons dans nos eaux, ici a Concarneau il y a déjà 10 ans, l’espace de travail de la criée était réduit de moitié par rapport aux années 80, il est maintenant au quart de ses possibilités puisque un  café restaurant assez chic et deux boutiques de fringues et d’accastillage on remplacé les bureaux et les hangars, et la moitié du quai accueille maintenant des bateaux de plaisance.

 

 

 

Dans ce qu’il reste de criée, la nuit, des bacs en plastique blancs rempli de poisson tout frais pêchés attendent le moment d’être achetés ou transporté dans de gros camions pour des consommateurs lointains.

 

Quand je l’ai visitée c’était au moment ou les avions de Poutine ravageaient la cité d’Alep avec l’assentiment de son bon ami Bachar, les lottes et les petits requins, les bar et les mulets, représentaient pour moi autant de cadavres dans leurs bacs bien rangés sur le sol, même si je les aime bien avec du citron ou de la sauce hollandaise dans mon assiette.

Un peu plus tard j’embarquais sur un chalutier de 12 mètres plein d’électronique qui le rendait aussi cher qu’un appartement de trois pièces à Paris, il y  avait là  le capitaine et 4 hommes d’équipages, nous partîmes à 5 heures de l’après midi, le retour étant prévu à 6 heures du matin mais à 22 heures nous étions au port, pas de poissons. Les filets avaient été déroulés posés et remonté, alors le capitaine décida de rentrer pour ne pas user de gaz oil pour rien. Cette fois ci encore aucune prise de pêche à se partager .

 

On m’expliqua que ce n’était pas la saison et que plus tard à l’arrivée de l’été, les plus jeunes montaient sur les haubans pour repérer à l’œil les bancs de poisson plutôt que de se servir de ce sonar qui rendait le bateau trop cher pour les jeunes. Celui ci finissaient inmanquablement par être racheté par Intermarché rendant les artisans de la mer: « pêcheurs commerçants » , disparus donc corps et bien dans le bouillon des super et hyper marchés, et relookés avec toques et tabliers.

 

En 2023 la situation s’est corsée avec ce calendrier de la Coop 15 à respecter, les quotas de pêches, les espèces à ne pas toucher, celles qui ne se vendent pas parce que les clients ne veulent que du saumon et du cabillaud. celles qu’on a introduites de forces dans nos eaux, comme le poulpe, plus les règlementations sur taille du filet de la taille de ses mailles, avec le pompon, :les nouvelles zones interdites à la pêche, et le prix du gaz oïl. Toujours.

 

Aujourd’hui sur le port aucune activité, les poissonneries du marché sont vides,

 

A deux pas du rondpoint calciné par les hommes en colère contre les ONG, l’état, et l’Europe, ca fait beaucoup, une femme marin pêcheur m’explique le faisceau de contraintes simultanées dans lesquelles la pêche artisanale est prise, au lieu que les autorités se préoccupent des énormes bateaux de 140 mètres de long qui raclent les fonds bien plus au large, ou électrocutent dorades et maquereaux.

 

 

 

Elle, elle pèche sur un catamaran depuis l’âge de 15 ans avec ses quatre enfants, elle est  grand mère, même, à 48 ans. C’est une belle femme vigoureuse, active, positive. Elle me dit qu’elle elle est pour la communication, comme la femme de Sea shefferd qui a été prise à parti brutalement par les pécheurs en colère à sa porte.

 

Que les pneus brulés du rond point ce n’est pas dans ses façons de faire

 

Et que là il faut attendre un peu que ca se calme.

 

Elle me dit les pécheurs ce sont des écolos qui s’ignorent.

 

Qu’il y aurait beaucoup à faire pour moderniser les bateaux  sur le plan ergonomique pour rendre le travail moins fatiguant et non pas pour pêcher plus de poissons, que la pêche c’est un métier génial, mais qu’il est difficile de se faire comprendre parce qu’on travaille loin des autres.

 

Elle ne fait aucune confiance dans ses représentants et préfère aller négocier elle même. Alors elle est allée à la Coop  15 à Montréal, pour discuter.

 

Vraiment ce que je préfère chez les pêcheurs ce sont les femmes.

 

Ce que je comprends de toute cette histoire d’hommes de bateaux, de poissons et de pneus grilles, c’est qu’ à force de vouloir faire rentrer les pêcheurs dans des cases comme les agriculteurs, les pousser à s’endetter pour acheter des bateaux performants, et racheter le fruit de leurs efforts le moins cher possible, en les saucissonnant de contraintes, on les a chosifiés, comme les agriculteurs qui sont aux mains des multinationales qui engraissent leurs cochons avec des antibiotiques, imposent des façons de travailler et des rendements, sans payer le travail à sa juste valeur.

 

On les a chosifiés et du coup eux chosifient les poissons qu’ils pêchent et tant pis pour les dauphins qui s’étouffent dans leurs filets.

 

 

 

Au fait la chair d’un animal qui a souffert est elle digeste ?

 

 

A coup de subventions on les a poussé à aller d’un coté où de l’autre, on leur a donné plein d’argent pour détruire leurs bateaux pas aux normes, sans se soucier du lien que forcément on développe avec son outil de travail,  on leur a ordonné comme a des bons petits soldats de pêcher le bon poisson, avec les bons filets, dans les bons endroits, avec les bateaux aux normes, et la caméra de contrôle qui va avec, sans réfléchir à la nature du métier qu’il font, dur et dangereux,  mais surtout un métier où on est d’abord libre, indépendant et seul devant les éléments, tous les jours  que Dieu fait.