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Petit Paul

Hier après midi je suis allée chez mon libraire pour consulter le rayon des bandes dessinées, coquines.

 

J’y ai trouvé des ouvrages de Bastien Vives, dessinateur controversé et retiré du programme du festival de bandes dessinées d’Angoulème.

 

Deux titres seulement sont a la vente en rayon, Paulina et Dernier week end de janvier.

 

 Le plus licencieux, Petit Paul a été soit épuisé soit retiré de la vente, soit jamais commandé.

 

J’y ai trouvé aussi, une bande dessinée sur les expérience de prostitution d’une jeune femme, fermé et emballé de plastique transparent, mais qui montre bien de quoi il s’agit, et,  bienheureusement mises à portée de toutes les mains, une ribambelle de bandes dessinées sur la sexualité, expliquée aux enfants, aux ados, aux moins de 35 ans ou ceux qui vraiment tardent à s’y mettre, des ouvrages très explicites, ou le sexe et ses aventures sont relatés sur le ton de la farce, pour savoir quoi dire, quoi faire et comment se comporter à l’instant T.

 

 Il y avait également dans le rayon les dessins de l’artiste Emma, dont une polémique l’oppose à Bastien Vives, des petits personnages sages, très figuratifs et sans trop de fantaisie,  rien qui dépasse, des scènes soulignées d’une écriture sans fioriture, du dessin sobre et économe.

 

Les dessins de Romain Vives eux, sont assez stylisés, lignes fines et souples, couleurs sombres, et enveloppant les sujets d’un halo brun ou noir pour mieux les fondre dans le décors et suggérer l’ambiance.

 

Je suis aussi allée sur internet voir quelques planches des aventures de petit Paul , l’enfant à la bite d’éléphant et Magali aux gros nichons, toujours de Bastien Vives, je les ai trouvés entrain de se tripoter dans l’étable à coté d’une vache, petit Paul ayant pris les seins de Magali pour les pis de la ruminante. Fatale erreur, qui si on en croit le journal libération, vaut à Bastien Vives deux plaintes pour ouvrage incitant à la pédophilie..

 

Le reste l’album qu’on n’ose nous montrer et qui est juste décrit semblerait être une débauche de jeux sexuels avec des adultes ayant comme protagoniste principal : le jeune Paul dont la taille  peut  indiquer qu’il est un enfant, même si l’auteur et l’éditeur, affirment le contraire, arguant qu’il s’agit de caricatures non réalistes.

 

 

 

Question scenario pas de quoi concurrencer notre Paulette du regretté Wolinsky et les croquis de la dernière une de Charlie hebdo,  ou l’on voit un sexe féminin engloutir une ribambelle de mollah avec en exergue le conseil de retourner d’ou ils viennent.

 

 Heureusement que le dessin est la libre expression d’un imaginaire reliant le cerveau à la page par la main et qui permet une infinité de figures de tous styles, toute compositions, tous genres,  tous medium, jamais aucun mode d’expression n’aura été aussi simple efficace et divers, c’est une belle invention et c’est peut être pour cela que ce n’est pas la première fois que des censeurs viennent à interdire sa diffusion : la caricature.

 

 Certes sous divers mobiles, le dernier en date, étant l’incitation à la pedocriminalité. Personnellement petit Paul avec son maouse braquemard, ne me tente guère, je craindrais le coté monstrueux  et douloureux de l’affaire, et la pauvre Magali me fait mal aux omoplates rien qu’a regarder son opulente poitrine. Je ne decèle pas dans ces croquis une d’incitation à chasser spécialement les petits enfants à la sortie des écoles.

 

  Je vois plutôt dans ces dessins une réaction joyeuse et provocatrice, aux injonctions qui entourent la sexualité à l’heure actuelle ou se créent,  pour le meilleur et le pire, une règlementation et des codes, des us et coutumes et bons usages du sexe en société.

 

Une société qui en fait, ne veut pas voir que les enfants et adolescents ont aussi un sexe, finalement rien que de l’évoquer, provoque une levée de boucliers.

 

On en arrive dans les librairies, à censurer complètement des œuvres qui d’une façon détournée et fantasmée parlent du malaise du corps des adolescents qui se transforme, et des aventures auxquelles ce corps peut alors prétendre, dans une fantaisie tellement débridée qu’elle en devient surréaliste.  Et  par contre, laisser en libre accès et vendre des bandes dessinées qui peuvent inciter à la prostitution de très  jeunes filles en la banalisant , parce que c’est leur corps et leur choix.

 

 La ou le bat blesse également c’est que visiblement, les programmateurs du festival  de bd d’Angoulême, cèdent à ces sinistres sirènes,  comme l’on fait tout ceux qui a un moment ont déprogrammé une œuvre , cinéma, théâtre, littérature, parce que des groupes de pression obsédés par le sexe triste, violent, dégradant et traumatisant veulent en découdre, se laver de leurs sinistres obsessions pour imposer un dictat sur la création.

 

 Si le combat pour le respect de l’être humain qu’il soit homme, femme, enfants et la condamnation de toutes violences, reste un must, celui pour la liberté de création en est un aussi. Qu’il transperce les règles de l’appropriation culturelle, ou des quota en terme de distribution de rôles et de couleur de peau, ou même de décence.

 

 Peut être faudrait il simplement au lieu d’interdire encore et encore, et de s’offusquer, militer pour une société plus douce, plus respectueuse des affects des autres, ou la sexualité ne pourrait plus être en parallèle avec l’argent et le profit.

 

Eduquer, nos âmes sensibles  à la pertinence et au sens de ce qu’elles percoivent et individuellement les armer pour résister.

 

Peut être aussi faudrait il s’inquiéter de la mollesse des décideurs face à des groupes de pression aux mobiles pas tout a fait transparents qui peuvent vouloir interdire pour un oui ou pour un non, et se multiplier  au risque d’affaiblir des causes plus urgentes: j’en veux pour preuve, chez moi, en plein pays breton, contrée de l’agro alimentaire, ou l’on mutile les porcelets leur coupant les dents et la queue, ou l’on ramasse les poussins à la pelleteuse, l’intervention d’un groupe de défenseurs de la cause animale à la fête foraine de Lorient début décembre dernier. .

 

Ces gens se sont insurgés au nom de la souffrance animale, contre les conditions de survie des poissons rouges donnés comme lots baignant provisoirement dans quelques centilitres  d'eau, à l'interieur d'un sac plastique, aux gagnants des attractions de tir à la carabine des gitans, qui eux par ricochets se sont sentis discriminés. Mazette.

 

La je sens que je pourrais créer un groupe de pression pour militer pour quelque chose qui m’indigne vraiment,  par exemple le port de couches systématiques dès l’entrée en Ehpad pour les personnes âgées qu’elles soient incontinentes ou pas, ou  bien  pour l’installation d’au moins un dispensaire vétérinaire gratuit en Cornouailles, et pourquoi pas la creation d’un bureau des vœux ouverts à tous en mairie de Concarneau, avec un comptoir en forme de cœur et un agent d’accueil pulpeux, en débardeur et petit tablier en dentelle ? J’aurai peut être une chance que quelque uns me suivent.

 

Allez bonne année 2023_