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Jeanne Vicerial, La couture dans la peau

Jeanne Vicérial,
Clinique vestimentaire exposition résidence, (Les magasins généraux, 1 rue de l'ancien canal 93500  Pantin) du 16 octobre au 14 novembre 2021.
Jeanne Vicérial, la couture dans la peau. Arachnéen et sépulcral.
Elle s'appelle Jeanne comme ma mère et Vicérial comme les viscères de sous la peau du ventre.
De ses doigts fins et agiles, elle tricotisse avec dextérité et précision, une étoffe sombre sur une machine savante, petite et plate.
Elle tricotisse comme on dissèque, un fil sec et noir, en tire des corsets, des armures, des chapeaux, des bandeaux.
Elle habille les corps, les transforme, fait surgir dehors ce qui d'habitude reste dedans, un heaume, une parure, entrelace les galons, tresse et plisse les bonnets et les boutons, lavant lissant peignant, magnifiant muscles et tendons.
Le corps est son champ de bataille.
Dort, en place de choix dans son exposition, dans un habit noir à plusieurs étages, une fleur de sang au creux du bedon, une gisante, pendant de celles, qui, en marbre blanc, ornent les cathédrales.
Qui sont elles, reines et princesses, aux coiffes époustouflantes, aux larges chapeaux de japonaises, tour à tour sultanes, duchesses, princesses, geishas?
Tout un monde.
Ca et là de minuscules corsets tout fins traversés par la lumière, voisinent avec des crinières de fil noir, des fleurs mortes échées, ramassées à la villa Medicis pendant le confinement composent un masque et une parure, élégant rempart contre les regards et autre matière à explorer.
La couture tellement sur mesure se substitue à la peau? 
Voilà, Jeanne  se crée des secondes peaux qu'elle déforme, enfle, plie, coupe, épingle, taille, et brosse, comme on fait avec les chevaux.
Projection mentale de son univers sur cette matière qu'elle crée, ourlant festonnant, faisant surgir dans un même mouvement chapeaux, chignons des îles, omoplates et fesses en jupon.
Premier sujet d'expérience, elle même, c'est sur les photos qu'on la voit surgir d'une coiffe chaloupée, un bonnet de Célimène, son regard surmontés de sourcils noirs et fins, se touchant presque, signe on le sait d'une jalousie féroce.
Le choix des Magasins Généraux de créer avec cette artiste savante, un mois d'exposition extrêmement riche avec des performances, des concerts, des visites guidées, un colloque vestimentaire, bref faire partager tout ce qui se rattache à son art, permet au public de venir rencontrer une artiste en grand déploiement, entourée de son univers et de ce qui le nourrit.
Enrichissant ses créations de sa présence, donnant à son ouvrage un nouvel essor, puisqu'il devient prétexte à réunions, discussions échanges, ces façon de monter de travail d'un artiste en résonance avec ce qui l'entoure vivifie la création contemporaine et rehausse l'engouement qu'on peut avoir pour ce type d'exposition, où la mode et l'art se mélangent intimement, où le costume raconte des histoires fortes, et où le spectateur, libre de ses mouvements dans l'espace et donc, de ses paroles et de sa pensée en sort la tête pleine de beauté, ré énergisé par la force de ce travail hors normes.
Une nouvelle façon de voir, une nouvelle façon de montrer, une nouvelle façon d'être ensemble.
Le programme: 
Vendredi 29 Octobre: séminaire de recherche: les perspectives de recherche par la pratique.
Samedi 30 Octobre: Colloque vestimentaire, penser le futur de la mode.
Mercredi 10 novembre: à 19 H , Passerelles à Table, par Contemporaines.
Samedi 13 Novembre à partir de18 h.
Performance de fin de résidence.
programme complet à retrouver sur magasinsgeneraux.com