· 

Elisabeth BERTHON

La maison d’Elisabeth Berton est située au de l’autre coté de la Saône, au bout d’un chemin bordé de haut murs en pierre parsemé ca et la de portails immenses, et de drôles de statues, ambiance Jean Cocteau « la belle et la bête » ;

Une pancarte vous indique que le Morse Felt studio est la sur la droite et encore au bout de l’impasse, la ou tu ne peux aller plus loin, voilà, c’est la petite porte, c’est la ;

La première fois que j’ai rencontré Elisabeth c’était au Pont de Montvert en Lozère, à une foire des arts organisés tous les ans par les artistes plasticiens du coin 

On aurait dit qu’elle avait confectionné dans sa chevelure dense et bouclée un rajout de laine blanche et grise, elle donnait un court stage de confection de feutre, j’avais amené une courtepointe en soie , ancien édredon de mon berceau d’enfant, d’un blanc ivoire satiné, pour y inclure une laine immaculée et obtenir une petite pièce de tissus qui ressemblait à de l’astrakan .A l’époque Elisabeth partageait son temps entre la voile et le feutre, équilibre et vie de rêve ; j’étais repartie, riche d’une rencontre et d’un gilet en feutre marron bleu et violet fermé par une grosse épingle en laiton, ronde ; pelure que j’ai porté six ans sans relâche comme une seconde peau ; et c’est fort de ce souvenir, mue par une curiosité que le désir de beau excuse , que je me présentais a sa porte ; elle ne savait pas exactement pourquoi je vins la voir et m’accueillit comme une amie de toujours ;  je jetais un coup d’œil dans son atelier encombré d’énormes ballots de laine multicolores et de manteaux aux formes baroques et traversais le jardin dans le noir pour débarquer sur une terrasse et l’antre de la créatrice ;

 

Dans la seule grande et chaude pièce un immense radiateur court tout le long de la verrière, un piano a queue trône  surmonté par une peinture représentant des pages de la renaissance : dans une alcôve un lit agrémenté de coussins déclarent que l’amour est la plus belle chose du monde, et a coté des livres et des livres

je rejoins le groupe attablé , on me donne un breuvage violet, il s’agit de régler les détails d’une soirée qui doit avoir lieu en février et qui doit accueillir un barde de ses amis ;

la soirée court et se termine , après un plat de lentilles délicieusement parfumé au laurier Elizabeth me propose son lit et monte se coucher tout au bout sur une petite mezzanine, « tu verras l’atelier demain »

Je m’endors contemplant un Lyon qui a mes pieds scintille de mille feux .

Le lendemain arrive trop vite et me tire des draps parfumés,

au bout de six ans, et loin des cieux qui m’ont fait la connaître, je demande a Elisabeth

naïvement qui elle est pourquoi elle vit la et comment elle en est venue travailler le feutre, situation incongrue que de reprendre ce dialogue interrompu.

Partie de Nice faire du rock and roll a New York, à la faveur d’un deuil familial elle se rends compte que la  haute couture sera son métier, le feutre son mode d’expression et son outil de travail ;

Le feutre est un drôle de matériau, qui se situe entre rugosité et sophistication, forcement fait main il est presque animal quand à son résultat.

 Parfois croisé avec de la soie, il permet la création de robes aux formes seyantes et imparfaites, mais le plus souvent de manteaux de gilets bosselés et même de tapis,  imitant les croupes pommelles des chevaux, parfois leurs crinières, ou incluant dans le tissu lui même des empreinte de feuilles du jardin ;

C’est une matière vivante formée a même un mannequin de bois qui lui donne ses courbes ; le métier et l’inventivité d’Elizabeth fait le reste .

« C’est beaucoup de travail, pour pas beaucoup de sous mais je fais ce que j’aime » lance t’elle en lissant de ses mains patinées une taie d’oreiller d’un blanc crème tentateur .

 

nous sommes revenues dans l’atelier, les créations sont la,  surmontées des étagères ou trônent les énormes ballots de laine, des dizaines de vêtements magnifiques et originaux attendent leurs propriétaires, ce sont des œuvres d’art en eux mêmes, chaque manteau, chaque robe .

 Comme le vin, fait de soleil de vent et de pluie, fruit de la terre et de la nature ; le feutre sa texture et ses couleurs sont le fruit d’ingrédients naturels savamment dosés et manies par des mains expertes ; c’est un matériau vivant fait de micros accidents de terrain, de pentes et de ravines, d’entrechoquement entre la laine, l’eau et la chaleur et le mouvement.

Il est l’heure, je quitte avec regret toutes ces beautés colorées, ces cols, manches bouffantes, manteaux enveloppants, ces capes et jupes, petits chaussons et brodequins, sacs et toques, robes, ceintures plaids, tapis fauteuils, objets fantasmagoriques issus des doigts de fée d’une drôle de sorcière .

 

 

Vous pouvez trouver les créations de Elisabeth Berton à Lyon : 113 chemin de la Fontanieres à la Mulatiere.