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Métamorphose

Ma mère s’est transformée en lémurien, déjà hier soir elle s’était plainte que quelques poils un peu plus épais que les autres lui poussent au niveau des sourcils rabaissant la ligne de son front. Et en une demie heure de larges cernes noirs bordaient ses yeux. Elle alla se coucher confiante dans ces capacités de récupération.
Le lendemain ne la voyant pas venir, je poussais la porte de sa chambre. Une odeur de fauve me saisit à la gorge et comme je me précipitais pour ouvrir la fenêtre, je senti sur mes épaules le poids de quelque chose qui se laissait tomber sur moi, et qui m’agrippa le nez et les cheveux, avec de drôles de petites mains noires. Poussant un hurlement épouvantable, je me dégageais, la bête sauta sur le lit, elle avait une immense queue, en fourrure rayée noir et blanc, la chatte Minouchette avait filé sous la commode consciente que ses heures étaient comptées.
Je saisi le fusil de mon père planqué dans la penderie, c’était une vielle winchester qui lui avait été bien utile pour chasser les araignées en Tasmanie.
« Maman, c’est toi » dis je en la tenant en respect avec le double canon. La bête les oreilles en arrière triturait sa queue de ses deux pattes avant, et émis un feulement approbateur. Abasourdie, je refermais la porte avec un luxe de précaution, je passais une partie de l’après midi à réfléchir. Que faire, appeler la SPA, non ils risquaient de l’abattre. Sur le coup de 17 h je risquais une tête dans la chambres après avoir entendu des coups rageurs sur le mur mitoyen. Sur le sol des petits os, une cage thoracique, quelques moustaches et un foie , Minouchette était passée à la trappe. Le lémurien, (ou ma mère )repu , en me voyant lâcha un rot de satieté. Je me décidais enfin, c’était elle ou moi, je savais ce qui m’attendais, je rasais les mur jusqu’à la fenêtre et l’ouvrit en entier, l’air frais pénétra dans la chambre, le lémurien (ma mère) me regarda fixement pendant une demi seconde le regard presque désolé, puis s’enfuit dans la nuit noire par le balcon.