· 

Ma mère et les sorciers

La vie de ma mère qui était rythmée par l’étude et l’écriture de ses livres, a vraiment changé du tout au tout lorsqu’elle est sortie des bibliothèques et des cabinets de psychanalystes( le sien dont elle nous parlait chaque jours s’appelait Vittorio), pour aborder le monde magique des sorciers ( magie blanche s’entend). Pour écrire ce livre là, elle a voyagé du Brésil à l’Angleterre en passant par toutes les provinces françaises, ses amis publiaient des dictionnaires sur le vocabulaire et le symbolisme des rêves où voyageaient dans l’astral avec le risque de jamais revenir. C’était le cas d’une petite dame replète, l’air très convenable, en manteau loden avec une cape, qui racontait une expérience risquée dans l’astral qui aurait pu la laisser coincée.
C’est incroyable ce que ces gens qui avaient l’air si ordinaires, vivaient.
Un jour ma mère fut invitée à une émission de télé pour remplacer un copain chaman, parti cueillir les orchidées au Mexique. Ma mère aussi est une femme très comme tout le monde, avec une teinture acajou, une mis en plis de coiffeur et une petit robe bien sage, mais le lendemain dans France soir il y avait une demi page avec son portrait en avec écrit en gras au dessus:”cette femme est une sorcière”.
Ma pauvre mère avec sa tête de ménagère de cinquante ans avait fait la une.
En attendant; la création de cet ouvrage nous aura fait vivre avec la conscience qu’il existe des ondes de formes , avec des pentacles et boussoles plein la maison pour conjurer le sort, la hantise du vers négatif, et des failles énergétiques qui peuvent traverser les maison et transformer la vie en tragédie. À écrire tout ceci je me rend compte à quel point ma mère aura travaillé sur elle pour vaincre ses propres démons dont nous avons eu à subir parfois les malices, afin de devenir une petite mamie paisible, sans plainte et sereine, qui chantonne sur son balcon. Ce livre, je ne l’ai pas gardé longtemps dans ma bibliothèque, parce qu’ immédiatement après l’avoir lu, je l’ai prêté à un ami que je n’ai jamais revu. Curieusement malgré de très bonnes critiques, il parti à toute allure au pilon, et lorsque ma mère récupéra la dernière palette, toutes les couvertures étaient hachurées, Elle n’a plus écrit pendant 10 ans. Peut être n’aurait il pas fallu mettre de l’occulte en lumière, qui sait...