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James David Carter

Tout ce que ma mère savait de son père est qu’il s’appelait James Carter, dansait très bien et que ma grand mère biologique lui avait tapé sa thèse sur « la place de l’empire Austro hongrois dans la guerre de 14/18 », pendant que son mari a elle était parti poser des rails de chemin de fer au Congo.
Toute sa vie ma mère a eu envie de retrouver son père. 
Donc nous des ses enfants on l’a cherché. Lorsque ses frères de Virginie ont débarqué à Paris avec leurs enfants c’était comme la rencontre des rats des villes et des rats des champs, eux ils allaient à la chasse, et nous au musée de la chasse et de la nature. Plus tard ils l’ont amenée dans les Appalaches à une réunion avec 400 Carter et l’ont présentée comme leur sœur. Pour nous, ses enfants, avoir la certitude de cette origine étrangère, était comme d’ouvrir un livre d’histoire tout neuf qui était aussi le nôtre. La ruée vers l’or, le May Flower, la guerre de Secession, la guerre du Vietnam voisinaient dans l’intimité d’une histoire de France qui me constituait , c’était comme si Francois 1er festoyait avec Abraham Lincoln et Sitting Bull dans un bordel de Saigon.
Aujourd’hui , ma mère m’a enfin donné son accord pour que je lise sur les réseaux sociaux des fragments de son dernier roman, et la jeune Rwandaise a changé de tenue et de coiffure.
Depuis que je lui ai montré une vidéo du docteur Raoult, la foi que ma mère a en notre président, Manu, vacille, cet après midi, elle a objecté avec raison « Mais qu’à t’il dit de plus que la dernière fois? ». On progresse doucement.