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Home with mother

Ce qui précipite les gens ages immanquablement dans la quiétude, c’est le souvenir. Quand je travaillais sur l’utopie, et que j’interviewais des gens âgés , toujours ils me parlaient du passé. Ainsi ma mère me parle maintenant de sa propre mère, Betsy, qui l’a tirée de l’assistance publique à l’âge de un an et demi. Sans elle ma mère aurait sans doute disparu dans les inondations tragiques de 1929 en Dordogne, la où elle était placée dans une famille à la campagne chez un très gentil papy, ou il n’y avait qu’un seul verre, avec une grosse trace de rouge sur le pourtour. Donc la mère de ma mère, n’a jamais eu de vrai fiancés ceux ci ont disparu à la guerre de 14.
Comme elle a fait un avc à ma naissance je ne l’ai jamais connu dans le plein déploiement de ses moyens, femme seule, travailleuse, très active. Elle faisait souvent des crêpes et quand j’étais trop collante me disait d’aller voir la bas si elle y était , ce que je m’empressais de faire n’y voyant aucune malice, un jour elle me fit croire qu’un cerisier allait me pousser dans la gorge parceque j’avais avalé des noyaux de cerise. Je passais l’après midi à écarquiller la bouche devant la glace du lavabo en surveillant mes amygdales. Comme nous lui demandions où était son mari, elle répondait que c’était le soldat inconnu, ce que nous avons cru dur comme fer pendant très longtemps en nous disant que vu les cérémonies qui se succédaient au dessus de sa dépouille ce devait être quelqu’un de très important.
Ma mère maintenant me dit qu’elle adorait sa mère, et que c’était la femme la plus merveilleuse du monde etc... etc..., je lui rappelais que dans son dernier livre, la femme de l’arbre, un chapitre entier racontait l’histoire de “l’ogresse”. Et la, nous avons bien rigolé, les yeux dans les yeux.