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Minouchette

Ma mère me confond avec Minouchette, comme elle préfère confiner la chatte dans sa chambre, ma mère souhaite m’avoir près d’elle pour regarder la télé. C’est assez difficile de se défiler mais, comme elle éteint toutes les lampes, au bout d’un moment je me glisse dans la cuisine pour jeter un œil à autre chose. Jusqu’à ce qu’elle vienne m’y retrouver sous un prétexte fallacieux.Je me demande comment dans quelques temps elle supportera mon absence. La chatte de ma mère est une très grande sportive, reine de l’endurance et du confinement, il y a trois ans elle est restée quinze jours enfermée dans un placard à téter l’urine qu’elle déposait dans une vieille nappe qui lui servait de chiffon. Quand je l’ai récupérée elle était famélique apeurée, reconnaissante, puis elle a disparu six mois dans l’immeuble en travaux pour revenir lorsque ma mère réintégra son appartement. Le voisin d’à côté la retrouva un jour sous sa couette, c’est la raison pour laquelle ma mère ne veut pas ouvrir les fenêtres de l’appartement. Du coup par les temps qui courent ca peut être un sujet de bataille. Aujourd’hui je suis sortie pour ramener des fleurs , je suis passée maître dans l’action de ponctionner quelques brindilles aux petits jardins qui bordent les maisons, et aux haies du Ranelagh. Elle qui ne sort pas en profitera. Elle ne s’est jamais aussi bien portée, et finalement pour elle qui d’habitude vit seule , le confinement entre moi est sa chatte n’est pas une aventure trop périlleuse
Mais cette histoire de cohabitation étroite avec ma mère me fait comprendre à quel point les personnes âgées malgré leurs désir d’indépendance sont à notre merci.
Combien elles ont besoin de nous pour des choses infimes qui vont d’enlever la cellophane autour d’une madeleine, à trouver des lunettes 15fois par jours, et fermer hermétiquement la bouillotte pour qu’elle ne s’ouvre pas au milieu de la nuit. Ces jours ci, elle ne comprends pas pourquoi je ne l’embrasse plus, et me reproche d’être distante...