Je suis devenue hyper sensible, je ne supporte plus que les sentiments positifs à mon égard, merci d’en tenir compte dans vos rapports avec moi. Pour sentir mon sang couler dans mes veines je monte et je descends les escaliers, huit étages ça fait du bien. Je crois que ma mère commence à se rendre compte au bout de dix jours de la gravité de ce qui se passe sur le plan mondial, et aussi du fait qu’elle est seule finalement sans aucun secours de l’état devant la maladie, du coup elle comprend qu’il est bon que je sois là avec elle et me remercie. Il faut dire que je suis aux petits oignons, tout les jours je fais une grande casserole de bouillon avec des légumes et toujours de l’ail et du romarin, dans la journée on boit le bouillon et le soir on déguste les légumes avec de la moutarde au miel. J’ai l’impression d’être en régression totale dans un utérus maternel que je materne moi même, je suis chez elle, je lis ses livres, travaille dans sa cuisine, je mange avec elle, et tache de ne pas trop regarder la télé avec elle. Du coup. Bref l’utérus fait 70m2 il est tapissé de lino gris et de tissus jaune et de livres, dans un coin le canapé et la télé et au fond du couloir la salle de bain. Il y a aussi un grand balcon qui court tout le long de l’appartement, le matin par grand soleil, elle s’y glisse à peine vêtue pour aller inspecter coûte que coûte les restes de géranium, et les plantations qui ont résisté à l’hiver. Tant que l’utérus ne desquame pas j’y suis en sécurité. À trois heures pile sans l’avoir décidé à l’avance , ça tombe comme ça, nous chantons le fameux mantra de Tina , moi ça me fait du bien je me sens connectée au monde à l’Inde ou j’ai vécu cinq ans et où l’irrationnel est aussi tangible qu’un morceau de bois. Elle aussi est heureuse de s’ouvrir à des forces auxquelles elle croit profondément, ses mains comme des griffes d’oiseau, paumes vers le ciel, elle fredonne apaisée. Shaaaaaanti , oooooom.
