au son de la batterie, des congas et de l’orgue, Angélique Kidjo fait une entrée fracassante sur la scène du chapiteau, dans une jupe plissée jaune d’or et un haut en soie colorée à volants, pour la célébration, à Marciac, de ses 40 années de carrière.
Les éclairages forment une grande cage dorée autour d’elle et tout au long du spectacle, au fur et à mesure des changements de lumière, les motifs qui s’imprimeront sur le fond de scène et sur les murs rappelleront les tissus à la cire perdueou les bazins africains.
Angélique Kidjo chante, danse virevolte, donc dans un immense écrin de tissus flamboyant et changeant.
Elle démarre sur des chapeaux de roue, sa voix puissante fait concurrence aux instruments, avec au piano, Thierry Vaton, aux percussions, David Donatien, à la Basse Rody Cereyon, qui au moment des chœurs la soutiennent de leurs voix graves. Angélique, reine du métissage fera dialoguer dans un beau duo les congas et la batterie, chantera à pleine voix avec bonheur en plusieurs langues, la salsa, le zouk, et la rumba. Elle apostrophera le public enfrançais, pour le faire participer et lui dire son plaisir d’être là, elle chantera portée par la foule qui fredonne et adorera ça. Apres un discours prônant la paix et l’amour elle fera tanguer le chapiteau, aux accents d’un de ses tubes biens connus « mama Africa. » Avant que tout le parterre de scène soit submergé par la foule heureuse et aimante : son public.
L’enfance et la guitare au cœur.
Lorsque Pierre Durand, tire de sa guitare avec délicatesse les premiers sons orientaux de son concert, on se demande s’il ne serre pas contre son cœur une veena (instrument indien traditionnel à cordes). Mais non, c’est bien sa guitare qu’il tient ainsi amoureusement tellement proche de lui qu’elle en devient une extension de son corps.
Pierre Durant joue des notes suaves et flottantes, avec un rythme mélancolique qui monte doucement.
Pierre Durant joue, la bouche ouverte, il en sort un chant muet en lien avec ce qui passe par ses mains, à tel point qu’on a l’impression que sa musique est devenue organique et sort desa propre bouche.
Il a l’air aveugle, tout son être est tourné vers le centre de lui-même, et son corps esquisse de temps à autre des pas de danse.
Pierre Durant a le crâne rasé, lorsqu’il joue toute sa tête transpire, alors il s’arrête et il s’essuie de avec un grand chiffon noir, tout en nous racontant la genèse des morceaux qu’il va nous jouer.
Les origines de sa musique ramènent à l’enfance et à l’adolescence, ce qu’il compose est un pont entre lui et ses compositeurs préférés Bowie, Sting, ses chanteuses préférées, Dedee Bridgewater et Nina Simone.
Il reprend, accompagné d’une basse (Jérôme regard), d’une batterie (Marc Michel), et d’un clavier (Fred Escoffier)qui laisse échapper des notes stridentes à la limite du grincement, avec un thème, qui lui permet de retrouver ses sensations premières. Pierre Durant, grimace, son crâne luit sous les projecteurs, il fait faire des confidences à sa guitare, un son fluide et souple, mesuré, une cadence, fait qu’il remue la tête d’avant en arrière. Alors que le son fuse, il se dresse sur la pointe des pieds, tire presque la langue et se replie, piétine, ricane, et se tord.
Apres un duo avec la basse qui joue dans son dos et à laquelle il répond accroupi, et quelques envolées lyriques plus tard, il s’arrête à nouveau pour nous confier que ses inspirations viennent des cours de musique qu’il donne aux enfants des classes prioritaires à Paris dans le vingtième.
D’où sortira le morceau « Fight ! »
La guitare bourdonne sur un ton monocorde, ce qui est beau, c’est que la mélodie devient accessoire, et en recherche d’harmonie avec la batterie, Pierre Durant danse en même temps qu’il joue, sur un pied.
La découverte du son, la jouissance du son, la mélodie qui vient, qui part, flotte et se brise, et le corps réceptacle et à la fois, véhicule de sa musique. Voilà les aventures sensorielles que nous livre Pierre Durant !
Cl@ire