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Angelica Llidell: Daimon

Angelica Liddell la dernière épouse posthume de Bergman porte dans la cour du palais des papes.son spectacle à bouts de bras.



A Avignon je suis allée voir Angelica Liddell, clown désespérée, tragique, à l’agonie, terrifiée par l’approche  de sa propre mort et dont la voix tonitruante  jette pelle mêle à la figure  de son public toute l’hypocrisie de notre société, tout y passe : les lâchetés envers ceux qu’on aime, les vieux  qu’on met dans des épahds, qui attendentl baignant dans l’urine de leurs couches, les morts qu’on oublie , les outrages du quotidien. 


« Est ce que je vais mourrir? 

Toujours toujours »

 

Elle choisi de conjuguer son show , parceque c’est un show,  sous les auspices Bergmaniens. Elle est Bergman, sa femme, son enfant et quelqu’un d’autre a la fois,  chez Liddell rien n’est impossible.

Sur la scène immense peinte en rouge du palais des papes : un bidet , des chiottes en faïence et un urinoir.

La musique tape et fait trembler les vieux murs du Palais des papes. Entre, un nain qui reste la les yeux fixés sur le public, immobile un long moment et sort . Le son claque  encore plus fort, comme un fouet. puis Angelica surgit et se lave le sexe dans le bidet dos au public. La raie de ses fesses est la première chose qu’on recoit d’elle.

Puis debout toujours dos au public elle éructe en rythme des mots projetés plus haut sur la façade.  Et c’est à ce moment qu’on arrive au fameux passage jubilatoire sur les critiques.

Le numéro vire à la farce. Elle lit publiquement  dans un espagnol puissant les phrases qui apparaîssent comme obscènes , des fragments de critique donc, et elle donne le nom le ou la coupable qui l’a écrite,  précéde du nom du journal .  Inversant la vapeur. Faisant ressentir à l’auteur de ces mots un parfum des coups enduré dans un coup de boomerang génial .

Hier le 3 juillet elle avait rajouté quelques phrases en direction du journaliste Capron, pour insister sur le fait qu’il avait porté plainte, et réaffirmer la légitimité de son point de vue.

Ça n’a rien d’humiliant ni d’illogique , elle est comme une maîtresse d’école et elle donne la fessee , elle a tout les pouvoirs puisqu’elle est maitre d’œuvre du monde qu’elle crée, c’est le jeu, il n’y a rien à y redire et ça netouche pas au reel. 

La foule rigolè.  Et c’est vrai que c’est drôle.

Les critiques auraient dû être flattés de voir ainsi en lettre de feu leurs nom sur les murs du palais, ils ne se sont pas rendus compte que c’est un honneur qu’elle leur a fait.

Le spectacle se poursuit,  des acteurs surgissent manipulent une ligne de   chaises roulantes et un brancard, la troupe est composée d’une dizaine de personnes âgées et de jeunes femmes, 

 ainsi que de 4 jeunes hommes qui auront la fâcheuse propension a se branler par la fenêtre de la chambre à coucher du pape ou de se déculotter à tout bout de champ notamment pendant la reconstitution de l’oraison funèbre de Bergmann.

Malgré le vent frais une vieille dame se montre nue un très long moment donnant à voir sans fards un corps féminin vieillissant. Et des jeunes filles prennent des poses lascives les jambes écartées face public.

La nudite chez liddell est toujours au maximum de sa crudité.

De tous ces mouvements de foule, surgissent parfois des images fugaces d’une beauté étrange. 

Car le spectacle entier est un rituel forcément.

Là fin se terminera en forme d’apothéose avec une demande en mariage posthume au défunt Bergman.

Angelica changera de robe trois ou quatre fois, tout à tour furieuse, pathétique, fougueuse, hallucinée, indignée, dans un espagnol qui claque comme la musique du début.


Ce qui fait la force de ce spectacle sans aucun dialogues ou presque c’est d’abord la personnalité furieuse d’Angelica, son espagnol puissant, désespéré, tellement ironique aux sonorités inattendues, mais aussi son engagement, sa jubilation, son humour, sa fougue, son courage, sa témérité et sa trouille.